Cette année, Nagelmackers veut récolter ce qu'elle a semé

“Impossible de se maintenir sans crédits et comptes à terme”

Plus de 275 ans d'existence pour Nagelmackers et 2023 a été financièrement la meilleure année de cette longue histoire. “Les circonstances étaient exceptionnelles, reconnaît Yves Van Laecke, directeur commercial. Deux tiers de notre clientèle sont encore des clients de la période de la Delta Lloyd Bank et d'avant. Il s’agit principalement de dépôts et de prêts hypothécaires. Notre passé de banque de détail nous a donné un énorme coup de pouce, grâce à la forte hausse des taux d'intérêt”. Yves Van Laecke y voit une belle aubaine, mais rien de plus. Cette année, l'effet des taux d'intérêt jouera déjà un rôle beaucoup moins important. Et stratégiquement, Nagelmackers est occupé à d'autres choses. La banque a opéré un changement stratégique en 2020 en revenant à ses origines de banque privée pour les personnes fortunées. 

“Nous attirons de nouveaux clients, mais cela peut être encore mieux”

Yves van Laecke, Chief Commercial Officer

Environ un tiers des clients font partie de ce groupe cible. D'ici cinq ans, Yves Van Laecke vise un rapport de 50/50 entre les clients dits “stratégiques” et les clients “historiques”. “2024 et 2025 devraient être les années où nous récolterons ce qui a été semé. Nous avons suffisamment réduit notre organisation, les coûts sont sous contrôle. Nous attirons de nouveaux clients, mais cela peut être encore mieux. C'est pourquoi le budget marketing sera sensiblement augmenté cette année. Il y aura une campagne radio et un tout nouveau site web. A partir du mois de mars, Nagelmackers devrait être beaucoup plus visible”. Le CCO tire toutefois des leçons de l'année écoulée. En raison des turbulences géopolitiques et économiques, l’année a été quelque peu atypique.

1. Préférence pour les comptes à terme et les produits à revenu fixe

“Ces dernières années, Nagelmackers a connu une forte croissance dans les investissements et les produits dérivés, pointe Yves Van Laecke. Mais l'année dernière, les clients étaient surtout demandeurs de comptes d'épargne et de comptes à terme avec des taux d'intérêt plus élevés. C’est là que nous nous sommes mieux positionnés que les grandes banques et que nous avons été parmi les plus performants en matière de prix. Même les clients fortunés ont préféré un compte à terme de six mois à 3,5 % d'intérêt à un placement”. Selon Yves Van Laecke, il peut s'agir d'un phénomène temporaire, “Un entrepreneur qui vend son entreprise veut s'assurer une sécurité pour 2023. Mais le fait d'opter pour des produits à court terme montre que l ‘argent sera à nouveau investi cette année ou plus tard. C'est une phase d'investissement normale que de mettre de côté des dépôts tout aussi importants en prévision de périodes économiques plus favorables”. Nagelmackers ne laisse pas passer inaperçue la redécouverte des produits à revenu fixe. “Les comptes à terme compétitifs font toujours partie de notre offre, explique Yves Van Laecke, et nous venons de lancer un fonds qui investit dans des obligations dont l'échéance se situe au plus tard en 2027. Là aussi, nous voulons répondre à la demande des clients en matière de produits à revenu fixe”. 

2. Les entrepreneurs veulent pouvoir bénéficier de crédits commerciaux.

 Les entrepreneurs se préoccupent autant, et peut-être même plus, de leur patrimoine professionnel que de leur patrimoine privé. “Nous avons constaté une demande importante de prêts commerciaux et de prêts aux entreprises en 2023”, notamment de la part des PME, explique Yves Van Laecke. Nagelmackers a réagi en relançant son activité de banque d'affaires. Yves Van Laecke souligne qu'il ne s'agit pas d'un nouveau revirement stratégique : “Il faut être capable d'offrir des crédits commerciaux, mais nous n'avons pas l'intention de financer de grandes entreprises. Nous nous concentrons sur les PME familiales belges qui appartiennent à notre groupe cible en tant que banque d'actifs. Nous nous considérons comme un partenaire de l'entrepreneur tout au long du cycle de construction, de gestion et de transfert des actifs. En finançant son entreprise aujourd'hui, nous contribuons à créer la richesse de demain”.

3. Les investissements en ‘private equity’ sont populaires.

Un nombre croissant d'entrepreneurs souhaitent pouvoir investir dans des entreprises ou des actifs non cotés en Bourse. “C'est un défi pour toutes les banques privées en Belgique, explique Yves Van Laecke. La plupart d'entre elles ne disposent pas de l'expertise nécessaire dans ce domaine, ou leur personnel n'est pas formé à cet effet. Nagelmackers tente de trouver une solution en travaillant avec un partenaire de co-investissement tel qu'Integra, basé à Gand. Ils peuvent faire des propositions aux clients. Nous jouons le rôle de facilitateur”. L'intérêt pour le capital-investissement est peut-être là pour durer, estime Yves Van Laecke : “La banque privée se trouve à un tournant. L'époque où il suffisait de proposer un fonds profilé ou un portefeuille d'investissement de base est révolue. En tant qu'asset banker, vous devez être en mesure d'offrir une expertise dans différents domaines. Mais vous devez aussi faire la différence sur le plan relationnel. Une relation étroite avec le client, une équipe stable et une réflexion à long terme avec un entrepreneur sont cruciales”.

4. Les jeunes veulent investir eux-mêmes.

"Les jeunes entrepreneurs veulent avoir la possibilité d'acheter ou de vendre eux-mêmes des produits financiers, constate Yves Van Laecke. C'est pourquoi nous avons lancé une plateforme d'investissement en ligne, où ils peuvent négocier des actions, des obligations et des trackers. Nous n'avons pas l'intention de concurrencer les banques en ligne mais pour les jeunes qui font partie de familles de clients fortunés, Nagelmackers offre des taux très compétitifs”. “Nous voulons attirer les prochaines générations, poursuit le CCO. C'est pourquoi les tarifs des transactions varient en fonction de la richesse globale de la famille placée chez Nagelmackers. Nous avons cessé de conseiller la gestion d'actifs à partir d'un dépôt de 500.000 euros. Pour des patrimoines aussi élevés, nous optons pour une combinaison de gestion discrétionnaire et d'auto-investissement”.